L'hôtel du Vieux-Raisin a l'un des plus riches décors sculptés des hôtels particuliers de la ville. Il fut réalisé en deux phases, voire en trois. La première au début du XVIème siècle avec le propriétaire Béringuier Maynier, capitoul et professeur de droit, une deuxième à partir de 1547 (et années suivantes) avec le propriétaire Jean de Burnet, parlementaire, et probablement une troisième à partir de 1580 avec le propriétaire Pierre de Lancrau, évêque de Lombez. Il présente de très beaux exemples de ce que fut la sculpture Renaissance à Toulouse à ces deux ou trois périodes éloignées de quelques décennies.
36 rue du Languedoc, aussi connu sous les noms d'hôtel Béringuier Maynier, hôtel de Lasbordes, hôtel Jean de Burnet, hôtel de Lancrau.
La décoration à la fois délicate et puissante de son foisonnant décor sculpté mérite qu'on y regarde de près.
De part et d'autre de la façade centrale sur cour (refaite), les deux tours à escalier et la première travée de l'aile gauche ont été construites en premier, à partir de 1515 par le capitoul et professeur de droit Béringuier Maynier. On y retrouve l'art de la première Renaissance en France, inspirée du Val de Loire.
Au-dessus de la porte de la tour se lit la devise : VIVITUR INGENIO CETERA MORTIS ERUNT, « On vit par l'esprit, tout le reste appartient à la mort ».
On doit le prolongement des façades latérales et l'édification du porche au propriétaire Jean de Burnet à partir de 1547, et probablement un enrichissement de ce prolongement à Pierre de Lancrau de 1580 à 1591. Ici c'est notamment l'ordre cariatide qui est à l'honneur avec de superbes sculptures.
Voici donc des photos des deux ailes latérales :
De tous ces superbes décors, voici mon préféré : j'adore le contraste très Renaissance entre le réalisme du visage et du cou de cette vieille femme et ses épaules de déménageur.
Le sculpteur a obligeamment fourni des coussins à ces atlantes pour rendre leur sort plus confortable...
Admirez le jeu de la brique taillée et de la pierre sculptée pour le décor :
Cette façon de disposer le décor dans des cartouches de "cuir découpé" (la sculpture rappelle par sa forme un morceau de cuir découpé et enroulé) fut utilisée pour la première fois au château de Fontainebleau.
Cette Vénus langoureuse fut un motif largement copié au XIXème siècle par les frères Virebent pour leurs décors en terre cuite (peut-être même un peu trop, l'original a l'air désormais plus abîmé que les copies !)
Dans la galerie qui jouxte le porche, des décors peu visibles, sombres et parfois abîmés n'ont pas été ravalés avec le reste. On y devine pourtant de beaux morceaux attendant une remise en valeur :
Décor difficile à discerner représentant Mars couronné par la Victoire :
Décor représentant Apollon attirant les animaux (ou Orphée, selon la source) :
Grâce à ce décor bien caché vieux de plus de quatre siècles, on peut savoir que la licorne toulousaine avait tout au plus la taille d'un caniche !
Photos des façades extérieures :
La frise au-dessus du portail a été copiée à plusieurs reprises au XIXème siècle :